La préparation physique c’est quoi ?

Introduction

La fin de saison est terminée depuis plus d’un mois voire plus pour certaines compétitions régionales, qu’il faut déjà penser pour les arbitres fédéraux à la reprise de l’entraînement pour la saison prochaine. Avant de reprendre, plusieurs paramètres, que l’on abordera dans cet article, sont importants.

En principe si la planification de la trêve estivale a été planifié avant le dernier match de la saison, à cette période les arbitres fédéraux reprennent le chemin de l’entraînement et les arbitres de Ligue et de District depuis quelques semaines devraient être en reprise d’activité. Je m’aperçois à écouter les arbitres qu’ils confondent reprise d’activité et reprise d’entraînement qui sont deux choses complètement différentes. (voir article « comment gérer la trêve estivale »).

Contrairement à un sport comme l’athlétisme où une date est fixée pour une compétition précise, une préparation physique d’avant saison dans son contenu et dans sa planification pour un arbitre dont la compétition débute cinq à six semaines après sa reprise d’entraînement, ne peut se calquer par exemple sur un coureur de 400m ou de 3000m. Je pose la question : Quel est l’intérêt de faire de telles séances qui sont à l’opposées de l’exigence de l’activité d’un arbitre de football, handball, rugby, basket-ball. La réponse aucune.

I. Les domaines d’interventions

La préparation physique est la composante de l’entraînement permettant de développer les qualités physiques de l’arbitre ou de l’assistant pour les mettre au service de sa discipline sportive.

Le développement des moyens physiques de l’arbitre, contribuera à sa performance sportive à partir du moment où :

La préparation est individualisée à partir :

– Du niveau de l’arbitre ou de l’assistant

– De la discipline que l’on arbitre (football, basket-ball, handball, rugby)

– De l’âge et du sexe

– Des résultats des tests physiques et physiologiques

– De l’état de forme du moment

– De son vécu dans l’entraînement

Tous les domaines d’interventions sont pris en compte. :

– Les qualités énergétiques

– Les qualités musculaires

– Les qualités motrices

– La prévention de blessures

– La planification

– La récupération

En fonction de ces domaines d’interventions, la préparation physique doit être réfléchie, anticipée et programmée pour que l’arbitre dispose de tout son potentiel physique le jour du match ou lors de son test physique.

II. Rôle du préparateur physique

Le préparateur physique devra analyser les spécificités et les exigences physiques de l’arbitre ou de l’arbitre assistant afin de faire ressortir les aptitudes qualitatives et quantitatives à travailler. Exemple la préparation physique entre un arbitre de football et un arbitre de handball ne sera pas la même, tout comme entre un arbitre assistant de ligue 1 et un arbitre assistant de niveau régional. A partir de ce constat, on adapte des séances d’entraînement diversifiées dans le temps (musculation, endurance, intermittent, vitesse) avec des exercices cohérents de motricité, de coordination, de fréquence, de proprioception et de pliométrie.

En dehors du terrain, le préparateur physique verra sa fonction évoluée vers un rôle de conseillé auprès de l’arbitre. Sa mission sera alors de le sensibiliser sur sa manière de prendre soins de son corps, sur et en dehors du terrain. Il va falloir également qu’il use de pédagogie pour expliquer les exercices proposés et les bienfaits de la récupération sous toutes ses formes. De lui faire prendre conscience que l’entraînement invisible (alimentation, hydratation et sommeil) sans oublier les étirements sont essentiels dans la récupération pour préparer l’entraînement suivant et le match du week-end et/ ou en semaine.

Il est très important en tant que préparateur physique d’être en permanence à l’écoute des arbitres, sur leur ressenti de tel ou tel exercice, d’être vigilant sur la charge et le volume de travail pour éviter une blessure, ce qui compromettrait la suite de la préparation. Chaque arbitre n’aura pas la même sensation, la même réaction et il faudra adapter le contenu de séance pour respecter leur intégrité physique.

III. La conception de la préparation physique

La préparation physique est un ensemble organisé et hiérarchisé des procédures d’entraînement qui visent au développement et à l’utilisation des qualités physiques de l’arbitre ou de l’assistant. Après avoir passé une batterie de tests physiques et physiologiques, le préparateur physique devra individualiser, planifier et programmer les séances d’entraînement en fonction des résultats obtenus.

La préparation physique est toujours personnalisée car elle dépend de différents critères et de l’objectif. Avant toute préparation physique d’un arbitre ou d’un arbitre assistant, on analysera les exigences physiques de sa discipline et, par la suite, on orientera le contenu des séances d’entraînement. Il n’y a pas une préparation physique mais des préparations physiques. Les programmes d’entraînement sont multiples car le niveau et le vécu de chacun imposent des adaptations particulières. Trop de paramètres doivent rentrer en ligne de compte pour faire « un copier-coller » d’un même programme pour plusieurs arbitres d’une même discipline ou d’une saison à l’autre ou de disciplines différentes. Les programmes « clé en main » sur internet ou des programmes sont envoyés aux arbitres sur plusieurs semaines vont à l’encontre d’une bonne préparation et sont sources de blessures.

J’entends depuis de nombreuses saisons beaucoup d’arbitres se blesser pendant leur préparation. En tant que préparateur physique, je pose les questions. Est ce que la trêve estivale a été bien planifiée ? Est ce que les charges et les volumes de travail sont adaptés à l’arbitre ? Est ce que chaque semaine la prévention de blessures fait parti d’une séance ? Est ce que la reprise de la course est progressive après une longue période d’inactivité ? Est ce que la planification des séances est cohérente dans la semaine et sur plusieurs semaines ?

Période de reprise d’avant saison

Cette période est très importante pour préparer la saison à venir et il ne faut pas passer à côté sous peine de le payer au cours de la saison. Elle doit être progressive et va permettre au préparateur physique de remettre ses arbitres et ses assistants dont il s’occupe à niveau par des entraînements en commun mais individualisés.

A partir de ce moment, les séances physiques doivent être parfaitement dosées, ni trop faciles, sinon il n’y a plus de progression, ni trop difficiles car des séances de préparation physique mal dosées ou mal adaptées peuvent entraîner des blessures (musculaire ou tendineuse) ou une fatigue générale et avoir un mauvais impact sur le moral de l’arbitre.

Le travail foncier doit être au cœur de la préparation d’avant saison de l’arbitre ou de l’arbitre assistant et ce quel que soit son niveau, sa fonction et de sa discipline. Mais ce cycle dépendra du nombre de semaines de repos, du nombre de semaines de reprise d’activité et de son contenu. Dans la préparation physique d’avant saison, plus on se rapprochera de la compétition, plus les séances d’entraînement seront spécifiques au sport arbitré et aux exigences physiques que demande la fonction.

Lors de cette période d’avant saison, si l’arbitre ou l’arbitre assistant a terminé la compétition avec quelques soucis musculaires, articulaires ou tendineux, il sera important de soigner ces blessures pour que, lors de la reprise de l’entraînement, il puisse reprendre avec tout son potentiel physique.

Conclusion

Une bonne préparation physique d’avant saison doit être anticipée, planifiée et mise à jour hebdomadairement. Ce n’est pas le fruit du hasard et encore moins de l’à-peu-près. Une bonne préparation physique ne se limite pas comme je l’entends à quelques séances de footings, de fractionnés d’abdos/gainage, à du cross fit ou à aller dans les salles de fitness. La musculation et/ou le renforcement musculaire préventif, la pliométrie, la proprioception et la fréquence sont trop souvent oubliés chez les arbitres donc le risque de blessures s’accroît.

Si on veut parler ou faire de la préparation physique et entraîner des arbitres ou s’entraîner soi-même, il ne suffit pas de s’y intéresser, cela demande un savoir, des connaissances physiologiques, des compétences professionnelles, et avoir une expérience, un vécu de l’entraînement sur le terrain avec des arbitres. On ne s’improvise pas préparateur physique !

Éric BOITARD

DESS Préparation Physique