L’explosivité c’est quoi ?

Introduction

L’explosivité et l’endurance sont 2 qualités que doit posséder un arbitre de football, rugby, basket ou handball et à plus forte raison un assistant concernant la puissance. Dans l’article qui vous est présenté ce mois-ci, nous allons aborder l’explosivité.

En tant que préparateur physique et observateur dans le milieu de l’arbitrage régional du football Aquitain, j’entends depuis de nombreuses saisons, beaucoup d’arbitres, d’observateurs, de dirigeants et de CTRA employer le mot « explosivité » sans en connaître la signification, les mécanismes, la physiologie et sans savoir comment la travailler.

Il arrive lors d’une observation de reprocher à un arbitre ou à un assistant sur le plan athlétique de manquer d’explosivité. A partir de ce constat, il faut mettre en place tout un processus d’évaluation, de progression et une méthodologie. Je pose une question : « Combien d’arbitres et d’assistants font la démarche de mettre en place un protocole pour améliorer cette qualité ? » La réponse aucun car cela requière des compétences professionnelles de préparateur physique.

Le travail d’explosivité peut être un axe de progrès pour l’arbitre mais ne doit pas se faire au détriment des paramètres aérobie et anaérobie lactique qui sont le socle des séances sur une saison. Au contraire un assistant du fait de la spécificité de la fonction, le travail explosif doit être une priorité. Tout est une question de planification de cycles, sur le court, le moyen et le long terme.

A ma connaissance il n’y a pas d’arbitres de football et de rugby même au haut niveau qui passent un test d’explosivité. Par contre comme tous les ans, je constate lors de la reprise de l’entraînement que les joueurs lors de la batterie de tests physiques et médicaux passent ce test. Ne connaissant pas les tests physiques du début de saison des arbitres de basket-ball et handball, je ne m’avancerais pas à faire de commentaires.

I L’explosivité c’est quoi ?

L’explosivité correspond à la capacité d’un arbitre à développer un maximum de force dans un temps très court.
Exemple: un sprinteur dans les startings block lors d’un départ arrêté.

L’arbitre ou l’assistant le plus explosif sera celui qui atteint le plus vite possible le haut niveau de force que ce soit sur des changements de directions ou des accélérations. Plus le taux de monter en force sera rapide, plus l’arbitre ou l’assistant sera explosif et seule une évaluation peut le déterminer.

Le RSI qui est l’indice de force réactive évaluer lors du test du tapis de Bosco (cf vidéo) ou du test de l’optojump est une mesure intéressante de notre explosivité musculaire. Calculer cette indice chez les arbitres et les assistants est pertinent dans une recherche d’optimisation de la performance et dans un objectif de progression afin que l’arbitre ou l’assistant puisse donner sa pleine mesure lors de ses matchs. Celui-ci sera une bonne représentation de l’explosivité musculaire des arbitres et des assistants. Il sera aussi le témoin de la qualité d’utilisation du système musculo tendineux.

II Comment travailler l’explosivité ?

Avant de commencer un travail pour rendre l’arbitre ou l’assistant explosif, il faut par l’intermédiaire de test (tapis de Bosco ou optojump) déterminer le profil pour ensuite donner une ou des orientations de travail.

Pour améliorer l’explosivité, cela passe par un travail bien ciblé et qualitatif. Le meilleur régime de contraction musculaire est la pliométrie qui fera l’objet d’un article dans les prochains mois comme la musculation et la vitesse. Par expérience et après avoir fait passer un test d’explosivité (cf vidéo) je peux conseiller aux arbitres et aux assistants pour améliorer la réactivité des appuis au sol de faire de la pliométrie basse et un travail de fréquence.

Beaucoup d’arbitres et d’assistants pensent que lors de leurs séances de fractionné ou de vitesse, ils améliorent leur explosivité. C’est une hérésie de penser que le fractionné et la vitesse seule peuvent l’améliorer. Il ne suffit pas non plus comme je l’entends, d’aller dans des salles pour « pousser » de la fonte pour l’améliorer. Cela est bien plus complexe. Comment peut-on transformer les fibres lentes en fibres rapides, augmenter la raideur musculo tendineuse avec de la course et « pousser » de la fonte sans pédagogie, sans progression, sans méthodologie et surtout sans aucune connaissance dans la musculation comme dans la pliométrie et dans la vitesse ? C’est tout simplement impossible !

Si l’on parle du sujet sous l’angle physiologique, il y a deux axes prioritaires. L’un optimiser le recrutement nerveux, la synchronisation et l’innervation des unités motrices pour transformer les fibres lentes en fibres rapides et l’autre augmenter la raideur musculo tendineuse. Ce travail physiologique permettra de rendre l’arbitre ou l’assistant plus explosif et se fera au travers de méthodes de musculation bien ciblés comme le stato dynamique 1 temps ou 2 temps, la méthode Bulgare ou des exercices d’haltérophilie du type le jeté banc ou le Varju, associé à de la pliométrie haute. Ce travail de pliométrie comme pour la musculation va demander du temps, de la progressivité et une méthodologie.

Pour éviter toutes blessures musculaires lors des séances, il est recommandé de passer le test biodex (cf vidéo). Ce test va permettre de déterminer s’il y a des déséquilibres musculaires entre les ischio jambiers et les quadriceps car le travail explosif demande à la fois un développement des muscles agonistes et antagonistes. En plus des séances sur l’explosivité, le renforcement musculaire préventif sera le fil rouge de la saison afin d’éviter toutes blessures à l’arbitre ou à l’assistant au cours de la saison. Ce travail se fera conjointement entre le kiné et le préparateur physique dans un objectif de mettre l’arbitre ou l’assistant dans les meilleurs conditions physiques. Il serait inconcevable de travailler sur l’explosivité d’un arbitre ou d’un assistant et donc de « toucher » la structure musculaire sans parallèlement faire du renforcement musculaire préventif.

Concernant le travail de vitesse, il serait intéressant de mesurer le temps sur une distance de 5 mètres. Pourquoi 5 mètres parce que l’on va demander à l’arbitre ou l’assistant d’avoir une puissance dans les premiers appuis sur une distance courte. On peut même réduire cette distance à 3 mètres. On pourra par la suite développer la vitesse sur 10m et sur des plus longues distances pour les assistants pour ne pas créer de barrière de vitesse.

Les erreurs à ne pas commettre :

– Travailler sur de la fatigue générale ou musculaire

– Travailler sur le quantitatif et donc faire trop de répétitions et/ou de séries

– Ne pas assez récupérer entre les séances

– Ne pas avoir une planification d’entraînement chaque semaine

– Négliger la technique lors des séances de pliométrie ou de musculation.

Conclusion

Savoir travailler sur l’explosivité pour faire progresser un arbitre ou un assistant et en connaître les mécanismes, la physiologie, demande du temps, de la progressivité, une méthodologie et des connaissances physiologiques pour construire une planification hebdomadaire cohérente avec des séances de qualités. Comme pour l’échauffement d’avant match, la musculation, l’intermittent, la vitesse ou le travail d’endurance, il ne suffit pas d’être arbitre, assistant ou ancien arbitre, de s’intéresser à la préparation physique pour savoir comment travailler l’explosivité. Cela demande des compétences professionnelles. Tout le monde ne peut pas se prendre pour un préparateur physique !

Eric BOITARD

DESS Préparation Physique

Test d’explosivité sur le tapis de Bosco
Test biodex