La préparation physique c’est quoi ?

Introduction

Hormis les arbitres qui ont officié au mois de juin, pour les autres si la planification de la trêve estivale a été planifié avant le dernier match de la saison, c’est-à-dire fin mai, en ce début du mois de juillet, les arbitres de football, handball, basket-ball et rugby de tous niveaux sont soit en reprise d’activité soit dans la première phase de leur préparation.

Je m’aperçois à écouter les arbitres et les assistants qu’ils confondent reprise d’activité et reprise d’entraînement qui sont deux choses complètement différentes. (voir article « la planification de la trêve estivale »). J’entends aussi des arbitres et des assistants de football reprendre « l’entraînement » début juillet pour une reprise du championnat mi-septembre (les 2 tours de coupe de France rentrent dans le cadre de la préparation). Je pose une question : Quel est l’intérêt de reprendre sitôt « l’entraînement » ? La réponse aucun ! Par contre reprendre par une reprise d’activité à dominante aérobie pour remettre « la machine en route » pendant quelques semaines puis dans un second temps reprendre le chemin de « l’entraînement » me paraît plus judicieux pour une bonne préparation.

Beaucoup d’arbitres et d’assistants masculins et féminins de tous niveaux et de toutes disciplines pensent lors de leur reprise d’avant saison faire une « préparation physique ». Il ne suffit pas de faire comme je l’entends et je le lis dans des programmes « clé en main », « des footings », « du fractionné », du « cardio »  de la « pseudo » musculation »  dans les salles à la mode, « du gainage ou des abdos » pour dire : « Je fais une bonne prépa.» En tant que préparateur physique, je pose plusieurs questions :

– Pour une bonne préparation d’avant saison, combien d’arbitres et d’assistants ont planifié leur trêve estivale ? (voir article « la planification de la trêve estivale »).

– Combien d’arbitres et d’assistants vont prendre en compte le contenu et la fréquence de leur reprise d’activité qui va déterminer le cycle du travail foncier ?

– Combien d’arbitres et d’assistants ont « découpé » en 3 périodes leur préparation d’avant saison ? (voir article « la planification de la trêve estivale »)

– Combien d’arbitres lors de leur préparation vont intégrer dans leurs séances des contenus spécifiques pour arbitres de handball, de rugby, de basket-ball et pour le football des contenus spécifiques assistants, futsal ou taisa  si l’objectif et le test physique ?

– Combien d’arbitres et d’assistants lors de leur reprise vont passer le test 45/15 pour déterminer leur VMA qui va découler sur les allures en terme de courses continues, de 10/20 et de 15/15 ?  Et je ne parle pas du test d’effort pour connaître les seuils SL1 et SL2, ainsi que la prise régulière du taux de lactate pour connaître au cours de la préparation l’état de forme physiologique.

– Combien d’arbitres et d’assistants lors de leur reprise vont passer le test d’explosivité sur le tapis de Bosco ou l’optojump (voir article « l’explosivité c’est quoi ? ») pour déterminer l’orientation de travail en musculation et/ou en pliométrie ?  Et je ne parle du test biodex, du Y test et du single saut (voir article les tests physiques).

– Combien d’arbitres et d’assistants dans leur préparation vont intégrer la pliométrie basse et haute, le renforcement musculaire préventif, la proprioception et pour ceux qui le peuvent de la « vrai » musculation ? (voir article « la musculation »)

 – Combien d’arbitres et d’assistants vont prendre en compte les caractéristiques énumérées ci-dessous pour individualiser leur préparation ? 

– Combien d’arbitres et d’assistants vont appliquer les 5 domaines d’interventions ci-dessous ? 

La réponse aucun à toutes ces questions car cela demande des compétences professionnelles de préparateur physique !

I. Les domaines d’interventions

La préparation physique est la composante de l’entraînement permettant de développer les qualités physiques de l’arbitre ou de l’assistant pour les mettre au service de sa discipline sportive.

La préparation est individualisée à partir :

– Du niveau de l’arbitre ou de l’assistant

– De la discipline que l’on arbitre (football, futsal, basket-ball, handball, rugby)

– De la fonction (arbitre ou assistant)

– De l’âge et du sexe

– Des résultats des tests physiques et physiologiques

– De l’état de forme du moment

– De son vécu dans l’entraînement

Tous les domaines d’interventions sont pris en compte. :

– Les qualités énergétiques

– Les qualités musculaires

– La prévention de blessures

– La planification

– La récupération

En fonction de ces domaines d’interventions, la préparation physique doit être rigoureuse, réfléchie, anticipée et programmée pour que l’arbitre ou l’assistant dispose de tout son potentiel physique le jour du match ou lors de son test physique.

II. Rôle du préparateur physique

Il est très important toute la saison mais encore plus lors de la période de préparation que le préparateur physique soit en permanence à l’écoute des arbitres et des assistants dont il a la charge, sur leur ressenti de tel ou tel exercice, d’être vigilant sur la charge externe et le volume de travail pour éviter une blessure, ce qui compromettrait la suite de la préparation. Chaque arbitre ou assistant n’aura pas la même sensation, la même réaction et il faudra adapter le contenu des séances pour respecter leur intégrité physique. Je pose une question : « Comment peut-on être à l’écoute des arbitres ou des assistants que l’on entraîne si les programmes sont établis sur plusieurs semaines sans possibilité de modifier telle ou telle séance, sans suivi et sans aucune communication ? C’est impossible !

En dehors du terrain, le préparateur physique verra sa fonction évoluée vers un rôle de conseillé auprès de l’arbitre ou de l’assistant. Sa mission sera alors de le sensibiliser sur sa manière de prendre soins de son corps, sur et en dehors du terrain. Il va falloir également qu’il use de pédagogie pour expliquer les exercices proposés et les bienfaits de la récupération sous toutes ses formes. De lui faire prendre conscience que l’entraînement invisible (alimentation, hydratation et sommeil) sans oublier les étirements sont essentiels dans la récupération pour préparer l’entraînement suivant et le match du week-end et/ ou en semaine.

III. La conception de la préparation physique

La préparation physique est un ensemble organisé et hiérarchisé des procédures d’entraînement qui visent au développement et à l’utilisation des qualités physiques de l’arbitre ou de l’assistant. Après avoir passé une batterie de tests physiques et physiologiques (voir article « les tests physiques »), le préparateur physique devra individualiser, planifier et programmer les séances d’entraînement en fonction des résultats obtenus.

La préparation physique est toujours personnalisée car elle dépend de différents critères et de l’objectif. Avant toute préparation physique d’un arbitre ou d’un assistant, on analysera les exigences physiques de sa discipline et, par la suite, on orientera le contenu des séances d’entraînement. Il n’y a pas une préparation physique mais des préparations physiques. Les programmes d’entraînement sont multiples car le niveau et le vécu de chacun imposent des adaptations particulières. Trop de paramètres doivent rentrer en ligne de compte pour faire comme je le vois « un copier-coller » d’un même programme pour plusieurs arbitres ou assistants d’une même discipline et d’une saison à l’autre. Je pose une question : « Comment peut-on faire une bonne préparation physique avec des programmes « clé en main » sur plusieurs semaines qui sont envoyés aux arbitres ou aller chercher des programmes sur internet ou sur des applications ? » C’est impossible !

IV Période de reprise d’avant saison

Cette période est très importante pour préparer la saison à venir et il ne faut pas passer à côté sous peine de le payer au cours de la saison. Elle doit être progressive et va permettre au préparateur physique de remettre ses arbitres et ses assistants dont il s’occupe à niveau par des entraînements en commun mais individualisés.

A partir de ce moment, les séances physiques doivent être parfaitement dosées, ni trop faciles, sinon il n’y a plus de progression, ni trop difficiles car des séances de préparation physique mal dosées ou mal adaptées peuvent entraîner des blessures (musculaire ou tendineuse) ou une fatigue générale.

Le travail foncier doit être au cœur de la préparation d’avant saison de l’arbitre ou de l’ assistant pour poser « les fondations » et ce quel que soit son niveau, sa fonction et sa discipline. Mais ce cycle dépendra du nombre de semaines de repos, du nombre de semaines de reprise d’activité et de son contenu. Dans la préparation physique d’avant saison, plus on se rapprochera de la compétition, plus les séances d’entraînement seront spécifiques au sport arbitré et aux exigences physiques que demande la fonction.

Conclusion

Une bonne préparation physique d’avant saison doit être rigoureuse, anticipée, planifiée et mise à jour hebdomadairement si besoin en fonction du ressenti et de la récupération de l’arbitre ou de l’assistant. Ce n’est pas le fruit du hasard et encore moins de l’à-peu-près. Si on veut faire une bonne préparation physique pour être prêt pour le début du championnat ou pour le test taisa et entraîner des arbitres ou des assistants, il ne suffit pas d’être arbitre, assistant, ancien arbitre, CTRA, coach sportif, avoir une licence STAPS ou être titulaire d’une certification en préparation physique. Cela demande un savoir, des connaissances physiologiques, techniques et donc des compétences professionnelles. On ne s’improvise pas préparateur physique !

Éric BOITARD

DESS Préparation Physique