I Introduction
L’activité physique d’un arbitre, quelle que soit sa discipline, mais à plus forte raison pour un arbitre de football ou de rugby, est à dominante aérobie. Pour un arbitre assistant, un arbitre de handball ou de basket-ball, il est important d’avoir une bonne base aérobie mais il n’est pas nécessaire d’avoir une VMA (Vitesse Maximale Aérobie) importante.
Nous sommes début janvier, les championnats fédéraux, ligues et districts vont reprendre. Les arbitres vont retrouver eux aussi la compétition et je pose la question : « Combien d’arbitres de tous niveaux et de toutes disciplines vont passer un test pour connaître leur VMA afin de commencer un cycle intermittent ? » La réponse aucun sauf ceux qui sont suivi par un préparateur physique.
En tant que préparateur physique dans le milieu de l’arbitrage du football, on se focalise à mon avis trop sur la VMA c’est-à-dire atteindre un palier qui va donner une vitesse kilométrique, mais on oublie l’importance d’être endurant à sa VMA.
Exemple : un arbitre peut avoir une VMA de 18km/h et ne tenir cette vitesse de déplacement que 3 minutes et un autre arbitre peut avoir une VMA de 16km/h et tenir 9 minutes. L’arbitre avec une VMA de 16km/h sera plus endurant pendant son match par rapport à celui de 18km/h. Est-il si important d’avoir une VMA de 19km/h voire de 21km/h comme je l’entends ? A mon sens la réponse est non pour des arbitres de football à contrario une VMA de 15km/h serait insuffisante pour des arbitres de haut niveau régional voire fédéraux.
II Qu’est ce que la VMA ?
La VMA est la Vitesse Maximale Aérobie. Elle correspond à la consommation maximale d’oxygène utilisé par les muscles au cours d’un effort. Lorsqu’un arbitre court doucement, son système respiratoire « pompe » suffisamment d’oxygène pour que ses muscles fonctionnent correctement. Puis, plus l’arbitre va accélérer, plus sa consommation d’oxygène va augmenter. A force, son système respiratoire ne pourra plus apporter suffisamment d’oxygène à son organisme pour qu’il produise de l’énergie afin de continuer à courir vite. C’est cette vitesse où sa consommation d’oxygène atteint son maximum que l’on appelle la VMA. Ce volume maximum d’oxygène que votre organisme est capable de consommer est aussi appelé, plus scientifiquement, V02 max, qui est souvent exprimée en millilitre par minute et par kilos de poids. Cette VMA peut être soutenue pendant 3 à 9 minutes en fonction des capacités physiques de l’arbitre lors d’un test physique, le TMI (Train Maximale Imposé). La VMA peut être comprise entre 8 et 24km/h. Elle dépend du niveau d’entraînement de l’arbitre mais aussi de ses facteurs génétiques.
III Comment utiliser la VMA ?
Pour des séances intermittentes (voir article l’intermittent c’est quoi ?), la VMA doit être un élément incontournable de l’entraînement d’un arbitre de football ou de rugby et, à un degré moindre, d’un arbitre assistant. Même s’il est important d’avoir un « gros moteur », la qualité première doit être l’explosivité (voir article l’explosivité c’est quoi ?) du fait des exigences physiques que demandent cette fonction.
Quel que soit le niveau de l’arbitre, on peut travailler sa VMA sous forme d’intermittent qui sont des exercices constitués d’une alternance de phases de course rapide et de phases de repos. Un arbitre qui restera sur du fartlek ne progressera pas sur le long terme parce qu’il n’utilisera pas la filière énergétique anaérobie lactique ce qui l’amènera à stagner.
IV Comment réaliser un test VMA ?
Le test VMA permet d’évaluer les capacités physiques des arbitres de façon à établir leur niveau de forme mais aussi d’individualiser les distances de travail pour une meilleure efficacité.
Pour connaître sur l’instant présent et sur long terme l’évolution de la VMA de l’arbitre, il est conseillé, en fonction des infrastructures à sa disposition, de réaliser le test dans les mêmes conditions à savoir soit sur une piste d’athlétisme, soit sur un terrain de football.
Il existe plusieurs systèmes de calcul de la VMA, en laboratoire sur un tapis, sur un terrain ou sur une piste d’athlétisme. En ce qui concerne les tests sur le terrain, plusieurs tests existent. Les deux tests les plus fiables restent le vameval et le 45/15 (cf vidéo). Du fait des courses intermittentes d’un arbitre, le test 45/15 me semble le plus approprié. Par contre pour un marathonien le choix du test vameval sera plus pertinent. Par expérience, après comparaison depuis plusieurs années entre les différents tests, le demi cooper encore préconisé par les instances fédérales de l’arbitrage donne une VMA très inférieure par rapport au vameval ou au 45/15 et donc une distance lors des séances de 15/15 très approximative.
Dans le choix du test, il est important pour le préparateur physique de garder le même test lors de toutes les saisons pour avoir une idée précise de l’évolution de la VMA.
Quel que soit le choix du test, vameval ou 45/15, il est déconseillé de faire un échauffement du fait du protocole où l’arbitre démarre à 8km/h. Un échauffement avant le test ferait consommer de l’énergie à l’arbitre qui nuirait à la fin de son test.
Il est conseillé lors d’un test pour avoir une valeur objective de la VMA de l’arbitre d’aller au bout de son effort, de ses capacités physiques sauf souci musculaire au cours du test. En effet, un arbitre qui s’arrêterait au palier 16 pour un manque de motivation et qui aurait pu aller au palier 17 voire 18, nuirait à sa distance qu’il devrait parcourir lors de son intermittent et donc sa progression. Il ne serait pas dans l’entraînement qui est l’objectif recherché mais dans le sous-entraînement.
V Quand effectuer le test de VMA ?
Ce test doit être effectué en début de saison pendant la période de préparation, à la fin de la deuxième phase « préparation spécifique » pour ensuite débuter un cycle intermittent et être prêt pour le début du championnat. Ce test avec le même protocole sera à renouveler début janvier pour la deuxième partie de la saison.
Ce test doit être renouvelé chaque saison, on ne peut pas reprendre sa VMA qui date de plus d’un an.
Il est important de faire le comparatif de la V.M.A avec les précédents tests effectués en utilisant le même protocole car chacun de, donne un résultat sensiblement différent.
VII L’utilité de la VMA :
Elle sert au préparateur physique de vitesse de référence pour la planification d’un entraînement individualisé. Il serait inconcevable pour un préparateur physique qui encadre un groupe d’arbitres de les faire courir sur la même distance alors qu’il y a une disparité sur les VMA. Il est indispensable d’individualiser les distances de chacun ainsi que les temps de travail car dans un groupe ou une équipe, tous ne sont pas au même niveau physique.
VIII Comment améliorer la VMA ?
La VMA s’améliore en courant à des allures proches de celle-ci. Étant donné que c’est une vitesse où l’on ne peut pas tenir longtemps, les séances s’effectueront lors du travail intermittent. C’est-à-dire que l’on alterne des temps de courses rapides à un pourcentage de la VMA avec des temps de récupération. De cette façon, on arrive à travailler à haute intensité sur des temps plus long (en cumulé) que si l’on courait en continu à laVMA.
En fonction du résultat du test vameval ou 45/15, le préparateur physique orientera le travail : soit pour augmenter la VMA de l’arbitre, soit pour lui augmenter son endurance à la VMA.
IX Le test TMI (Train Maximale Imposé)
Ce test permet de connaître le temps qu’un arbitre est capable de courir à 100% de sa V.M.A. Le résultat doit se situer entre 3 et 9 minutes. Ce test est à effectuer une fois que l’on à déjà une idée précise et juste de la VMA par un test par palier. Il suffit de partir exactement à la vitesse 100% de la V.M.A. sur une piste bien étalonnée et de tenir le plus longtemps possible. Je pose une question : « Combien d’arbitres de tous niveaux et de toutes disciplines ont passé le TMI pour connaître leur endurance à la VMA ? » La réponse aucun !
Le T.M.I. est une autre donnée essentielle pour l’orientation de l’entraînement.
A titre indicatif, si lors d’un test de T.M.I le temps de soutien obtenu est inférieur à 3 minutes il est indispensable d’orienter l’entraînement sur des séances entre 90% et 100% de la V.M.A. sur des durées d’effort de 1 à 6’.
Conclusion
La VMA constitue la référence indispensable pour des séances d’intermittent et avoir des séances qualitatives quelle que soit la discipline et le niveau de l’arbitre. Si l’arbitre peut avoir comme donnée supplémentaire son seuil anaérobie (voir article les seuils lactiques) cela permet lors d’une analyse de courbe sur une séance d’ajuster soit l’intensité de la course soit la récupération pour la séance suivante et d’être sur un travail qualitatif. Faire passer un test VMA permet de donner des orientations à un travail intermittent et en connaître les répercussions physiologique sur l’organisme. Il ne suffit pas d’être coach sportif, de faire faire des séances d’intermittent type 30/30 ou 15/15. Cela demande des compétences professionnelles. On ne s’improvise pas préparateur physique !
Eric BOITARD
DESS Préparation Physique
